Le dynamisme du New space est lié en grande partie aux ambitions et à l’inventivité de startups désireuses de repenser l’innovation spatiale sous un prisme « business » pragmatique. Réunies à l’occasion du New Space Networking organisé par Dassault Systèmes le 8 mars 2023, huit startups sont venues présenter leurs solutions… et leurs promesses ! Tour d’horizon.
HyPrSpace : développer de nouveaux modes de propulsion…
Implantée à Bordeaux depuis sa création en 2019, HyPrSpace développe un nouveau mode de propulsion. Pour Alexandre Mangeot, son Co-fondateur, Président et Directeur technique, le constat est clair : « nos clients recherchent des coûts maîtrisés mais aussi une disponibilité maximale car ils ont énormément de projets de lancement de satellites notamment ». Après avoir levé environ 2 millions d’euros en amorçage, HyPrSpace développe ainsi une technologie de propulsion hybride employée dans ses micro-lanceurs réutilisables.
Considérant que l’industrie spatiale s’oriente résolument vers le recours à de micro-lanceurs réutilisables, HyPrSpace a fait le choix d’exploiter la solution 3DEXPERIENCE® Works de Dassault Systèmes pour développer sa technologie de propulsion brevetée. « D’ici la fin de l’année, nous aurons un système de propulsion à taille réelle (6 mètres de long, un mètre de diamètre et un poids de 10 tonnes) opérationnel pour passer une phase de tests industrialisables ».
The Exploration Company : démocratiser l’exploration spatiale
Nyx est un véhicule orbital développé par The Exploration Company (fondée en 2021). Réutilisable et ravitaillable, Nyx peut répondre à différents usages dans le cadre de programmes de recherche spatiale. Il peut s’arrimer à l’ISS ou à toutes les stations spatiales privées qui sont, à l’heure actuelle, en cours de développement. « Nyx s’inscrit dans l’élan qui porte l’industrie spatiale vers la Lune », a expliqué Najwa Naimy, Lead Vehicle Design & Product Strategy pour The Exploration Company.
Les atouts de Nyx ? Offrir un accès facilité aux orbites basses mais aussi un retour sur terre rapide. « Nyx propose un coût quatre fois inférieur aux autres véhicules orbitaux du marché » a pu indiquer Najwa Naimy qui a souligné la croissance rapide de l’entreprise qui compte déjà 85 collaborateurs. En ligne de mire, un vol de démonstration programmé pour 2024 et un vol inaugural en 2026 !
DeltaVision : ouvrir la vanne de l’inventivité…
Le cœur de l’approche de DeltaVision, c’est le développement, la production et la vérification des systèmes intelligents de gestion des fluides cryogéniques pour accompagner les acteurs de la nouvelle économie spatiale et en particulier du secteur de la mobilité Hydrogène. « A l’origine de notre entreprise, a expliqué Alex Plebuch, CEO & Co-fondateur de DeltaVision, nous nous sommes appuyés sur une connaissance approfondie des besoins des programmes spatiaux européens en matière de technologies de contrôle des fluides ».
Maîtrise des coûts, amélioration de la sécurité et de la fiabilité, DeltaVision développe une gamme de soupapes (supportant jusqu’à 100 bars de pression) et de contrôleurs qui permettent de monitorer les constantes clés de ses produits pour s’inscrire dans une dynamique de maintenance prédictive contribuant à son tour à maîtriser les coûts. Pour remplir ses missions et soutenir sa stratégie d’innovation continue, DeltaVision a fait le choix de la plate-forme 3DEXPERIENCE. « Modélisation, simulation numérique, jumeau virtuel, la 3DEXPERIENCE est un atout majeur pour faciliter le travail collaboratif et fluidifier nos processus d’innovation », a confié Alex Plebuch.
Infinite Orbits : les réparateurs de l’espace.
Née dans la Silicon Valley en 2017 et installée à Toulouse depuis 2 ans, Infinite Orbits conçoit, développe et fournit des services en orbite fiables et clés en main aux opérateurs de satellites du monde entier. « Nous exploitons une nouvelle technologie spatiale et des logiciels de suivi et de navigation avancés (fondés sur l’intelligence Artificielle ou le Machine Learning) pour fournir des services clés en main, offrant aux opérateurs de satellites de nouvelles options en matière de créneau orbital, d’actifs et de gestion de flotte à moindre coût », a expliqué Adel Haddoud, CEO de Infinite Orbits.
Le principe : intervenir directement sur les équipements en orbite pour assurer leur maintenance, prolonger leur durée de vie ou améliorer leur fonctionnement. La profusion d’objets présents en orbites basses comme en orbite géostationnaire, constitue aux yeux d’Infinite Orbits, un marché colossal pour un acteur en mesure de les entretenir, de les réparer, de les optimiser. « Nous sommes spécialisés sur la zone GEO car c’est là que se trouvent les équipements qui ont besoin d’être réparés », a indiqué Adel Haddoud. Un premier microsatellite d’intervention sera lancé en avril 2023 par Infinite Orbits. Il ouvre déjà la voie à d’autres exemplaires et à des nouvelles gammes de microsatellites qui contribueront soit à prolonger la durée de vie des satellites, soit à « nettoyer » certaines zones orbitales.
Exotrail : redéfinir les contours de la mobilité spatiale
Fondée en 2015, Exotrail compte parmi les leaders mondiaux des solutions de mobilité pour l’espace.« Exotrail s’est donnée pour mission de construire l’infrastructure technologique indispensable pour l’avenir de la logistique spatiale et de la mobilité », a expliqué David Henri, fondateur et Chief Product Office pour Exotrail. L’aventure est née d’une première initiative qui consistait à lancer plusieurs microsatellites dépourvus de systèmes de propulsion. « L’impossibilité de déplacer ou de réorienter ces satellites à distance était un problème. C’est ainsi que nous avons imaginé Exotrail pour résoudre les problèmes de mobilité en développant des propulseurs pour les petits satellites ».
Exotrail a ainsi développé des méthodes de propulsion à base de xénon pour les petits satellites, accompagnées par des logiciels dénommés SpaceTower et SpaceStudio. La promesse ? Permettre aux acteurs du New Space de concevoir des missions spatiales, adossées à des milliers de simulations, mais aussi assurer la gestion et la surveillance des constellations.
Prométhée : comprendre le monde pour mieux le protéger
Les constellations de nanosatellites de Prométhée ont été conçues pour fournir des services de communication et de surveillance à bas coût et à haute résolution, avec une couverture mondiale. Ces constellations peuvent être utilisées pour surveiller les ressources naturelles, la sécurité des frontières, les changements climatiques, les catastrophes naturelles, les activités océaniques et bien plus encore. « Le monde change et les besoins évoluent et notre capacité à disposer de solutions de surveillance automatiques sur des zones très large est la clé de compréhension mais aussi de l’anticipation de ces changements », a expliqué Olivier Piepsz, Président de Prométhée.
L’observation globale et dans une dimension quasi-temps réel suppose de recourir à des constellations de satellites. Le développement de ces constellations de nanosatellites est en ligne avec la tendance actuelle de l’industrie spatiale qui vise à utiliser des satellites plus petits et plus abordables pour fournir des services de plus en plus sophistiqués. « Prométhée veut être le premier opérateur français de constellations de satellites d’observation. Ce qui nous différencie de nos concurrents, ce sont nos plateformes satellites et la qualité de nos capteurs autant que l’hyper-reactivité de nos systèmes, puisque nous pouvons renvoyer des images toutes les 15 minutes ». Prométhée innove par le déploiement de solutions de souveraineté spatiale end-to-end, c’est-à-dire incluant segment spatial, centre de commande et de contrôle et plateforme digitale agrégative.
SpaceDreamS : acteur de l’interopérabilité spatiale
« SpaceDreamS ne produit pas de lanceurs, mais nous développons des services pour les lanceurs », a d’emblée indiqué Christian Canart, fondateur de SpaceDreamS. Considérant qu’un lanceur passe la plus grande partie de son cycle de vie à terre, SpaceDreamS s’est spécialisée dans le développement de stations interopérables pour les lanceurs. « Développer des stations propriétaires pour chaque lanceur, c’est un peu comme si l’on développait une station-service pour chaque modèle de voiture commercialisé ». SpaceDreamS se positionne comme une réponse à une réalité : Kourou est le seul spaceport orbital opérationnel en Europe et le CNES souhaite l’ouvrir de plus en plus, notamment en mettant en place un site multi-lanceur.
Stellar : opérateur de mobilité connectée
« Selon l’ARCEP, 40% de nos autoroutes et de nos voies ferrées, n’offrent pas une qualité de service satisfaisante en matière de connectivité » a affirmé Damien Garot, fondateur de Stellar. Débits insuffisants, couvertures incomplètes, entravent nombre d’usages digitaux et génèrent de la frustration chez les utilisateurs d’ordinateurs ou de terminaux mobiles. « Cela constitue un frein majeur au développement de certaines activités clés, comme le développement des assistants vocaux dans les véhicules ou encore les voitures autonomes ».
L’ambition de Stellar ? Acheminer la vie digitale jusqu’aux passagers et aux véhicules en proposant une connectivité optimale. La clé : unifier la connectivité terrestre et la connectivité spatiale en une connectivité unique, via une constellation de microsatellites et une capacité à embarquer cette dite connectivité dans les véhicules. En se positionnant à la convergence du spatial, de l’automobile et de l’IoT, Stellar développe un boîtier de télécommunications, une constellation de satellites 5G en orbite basse et l’architecture logicielle qui l’accompagne pour fournir une connexion internet fiable dans toutes les situations de mobilité !
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