Le salon Global Industrie 2022 a été placé sous le signe de la réindustrialisation responsable. Face à ce double-défi, il s’agit d’être clair sur la vision et sur les leviers à actionner. Entre innovation, emploi et numérique… Éléments de réflexion !
Le salon Global Industrie qui réunit tout l’écosystème industriel à Paris Nord Villepinte a mis en avant une notion-clé : la réindustrialisation responsable. L’édition 2022 de Global Industrie s’est ainsi articulée autour d’une animation dédiée qui proposait aux visiteurs de se positionner sur les quatre grands défis majeurs qui s’imposent à l’industrie : le digital, l’écologie, l’entreprise et les technologies. Sébastien Gillet, directeur de Global Industrie, précisait récemment dans une interview accordée à l’Usine Nouvelle que « si la question environnementale figure au premier chef des préoccupations et des actions politiques, sociétales et industrielles depuis plusieurs années, la crise de la Covid 19 a également mis en lumière une trop grande dépendance de la France vis-à-vis de l’étranger sur des productions centrales, voire vitales pour le pays ».
Entre enjeu de souveraineté industrielle, excellence environnementale et facteur humain, l’Industrie est à la croisée des chemins et au centre de toutes les attentions. Dans un dossier consacré à la réindustrialisation en France, la Caisse des dépôts rappelle que « le regain industriel français est enclenché depuis 2015, date à laquelle l’État français a commencé à mettre en place des outils économiques tels que des subventions (Crédit Impôt Recherche, programme d’investissements d’avenir, etc.) ou des incitations fiscales (baisse du coût du travail) ». Depuis le début de la crise sanitaire, faire revenir l’industrie sur le territoire national est devenu une priorité des gouvernants autant qu’une aspiration forte des citoyens. Mais au-delà des intentions et des incantations, il y a la méthode et la réindustrialisation responsable doit s’adosser sur trois piliers : l’innovation, l’emploi et le numérique.
L’innovation : socle de la responsabilité et de la durabilité
L’axe central de la réindustrialisation responsable, c’est sans doute celui de l’innovation. L’innovation permet d’intégrer nativement les enjeux environnementaux. L’innovation contribue à réduire l’impact social et environnemental de toute activité industrielle quand elle embrasse ces enjeux à la racine. « Penser l’innovation et encourager l’émergence de nouveaux usages doit intégrer la recherche d’un développement pérenne et responsable. Cela implique donc des usages allant dans le sens de l’intérêt général. On pense tout naturellement à la préservation de l’environnement, mais aussi au développement de la green IT (aka numérique vert), ou encore le respect de la vie privée, etc. », affirmait récemment Mathieu Isaia, Directeur général de TheGreenBow, dans une interview accordée à Sécurité & Défense Magazine.
Parce que l’innovation est, par ailleurs, toujours plus pluridisciplinaire et collaborative, elle s’inscrit très clairement dans cet effort. L’innovation responsable au service d’une réindustrialisation responsable correspond à une stratégie de recherche et développement tendant à intégrer, à chaque étape et pour chaque volet du projet, la dimension sociale et/ou environnementale. Avec un écosystème comme la plate-forme 3DEXPERIENCE, toutes les conditions sont réunies pour repenser les processus d’innovation au sein desquels les industriels, en tant que « faiseurs », peuvent et doivent être pleinement investis.
L’emploi : entre développement de compétences et qualité de vie au travail
La France comptait, à la fin de l’année 2021, 25,9 millions d’emplois salariés, dont 3,13 millions dans le secteur industriel. Si, sur le premier quinquennat d’Emmanuel Macron, près de 957200 emplois salariés ont bien été créés, il apparaît que 3900 postes ont été supprimés dans l’Industrie ces cinq dernières années. Réindustrialiser prend du temps. Détection de marchés, adaptation de l’outil de production, formation de techniciens et opérateurs… La réindustrialisation responsable au-delà de la création d’emploi passe aussi, au préalable, par la consolidation des emplois existants. Une consolidation portée bien sûr par l’innovation, mais aussi par une attention centrée sur les collaborateurs eux-mêmes.
La formation pour assurer la montée en compétences des salariés de l’industrie tout au long de leur carrières, l’évolution des postes de travail en vue de prévenir les troubles musculosquelettiques (TMS), sont des chantiers prioritaires. Selon les chiffres publiés par la CNAM (Caisse Nationale d’Assurance Maladie), 79 % des maladies professionnelles reconnues dans le secteur de l’industrie métallurgique sont liées à des TMS et plus de 2,7 millions de jours de travail sont perdus du fait des arrêts de travail des salariés.
Un autre chantier doit être accéléré : celui de la transformation du management. La crise sanitaire a eu pour effet indirect de redéfinir les contours de la relation que les Français entretiennent avec le travail. Le management est au cœur d’une transformation profonde qui doit guider ce vaste élan de réindustrialisation responsable.
Le numérique : accélérateur de transformation(s)
Sans le digital, aucune réindustrialisation responsable n’est possible. Vecteur de performance, promesse de continuité de l’activité en toute circonstances, de l’abolition des freins à l’innovation et à la production, le numérique est le terreau au sein duquel germe l’industrie responsable et durable. Durable à plus d’un titre ! L’industrie 4.0, plus efficace, moins énergivore, plus fiable grâce à la maintenance prédictive, ne se conjugue plus au futur mais au présent. Jumeau numérique, impression 3D, e-learning pour les collaborateurs, automatisation, connectivité… Promesse de flexibilité, d’agilité, de performance autant que de productivité, ou de mass-personnalisation, l’emprise du digital sur l’Industrie est riche de perspectives. Mais l’omniprésence du numérique soulève d’autres interrogations : cybersécurité, gouvernance des données, croissance du volume de données et empreinte environnementale associée… Autant de défis à ne pas négliger !
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