BioSerenity a vu le jour en 2014. L’entreprise, fondée par Pierre-Yves Frouin, collabore aujourd’hui avec plus de 200 hôpitaux en Europe et aux États-Unis en contribuant au diagnostic et au suivi des patients à distance grâce à des textiles intelligents. Son fondateur, Pierre-Yves Frouin, revient sur l’épopée d’une entreprise au cœur des enjeux de la santé numérique.
Ingénieur en informatique et systèmes embarqués, Pierre-Yves Frouin fondateur et CEO de BioSerenity, a effectué toute sa carrière dans la santé. « J’ai ainsi pu mesurer les difficultés que rencontre ce secteur et les bénéfices qui peuvent découler des technologies, pour améliorer le fonctionnement des systèmes de santé ». De cette connaissance de terrain est né le projet BioSerenity qui n’avait pas vocation à identifier de nouvelles solutions thérapeutiques, mais plutôt à optimiser l’existant. « L’idée consistait, dans cette quête d’optimisation, à utiliser des solutions informatiques comme le PLM, le CRM, ou l’ERP qui ont démontré leur efficacité dans de nombreuses industries, en les orientant vers le patient lui-même ». L’objectif : améliorer le quotidien de patients atteints de maladies chroniques.
Genèse d’un projet ambitieux
Le projet initial qui a présidé à la création de BioSerenity portait sur l’épilepsie. « Entre le moment où les premières suspicions d’épilepsie sont formulées et le moment où l’état du patient est stabilisé grâce à un traitement adapté, il s’écoule entre 3 et 5 ans, durant lesquels sa qualité de vie est dégradée. Nous souhaitions réduire ce délai tout en étant suffisamment astucieux pour ne pas ajouter encore des coûts au système de santé », précise Pierre-Yves Frouin.
Pour résoudre l’équation, il fallait disposer de davantage de données sur le patient et sur une plus longue durée. Et pour que ces données soient le reflet de la vie réelle du patient, BioSerenity devait imaginer un dispositif qui permettrait de capter ces informations directement chez le patient et non plus à l’hôpital. Le principal défi a consisté à concevoir la façon dont il serait possible de garantir la même qualité d’information que celle qui peut être collectée à l’hôpital. « Nous avons donc opté pour la mise au point d’un textile intelligent pourvu de capteurs ».
Au-delà des données, il fallait également interroger le patient sur son ressenti, son quotidien, les applications mobiles pouvaient être utilisées pour adresser des questionnaires. « Nous avons fait le choix d’utiliser le Cloud pour que ces données soient accessibles à distance, précise Pierre-Yves Frouin, afin qu’un spécialiste puisse intervenir dans les meilleures conditions, même s’il n’est pas physiquement présent près du patient ». Mais ce modèle, s’il était prometteur, soulevait une autre interrogation : « Si l’on enregistrait une grande quantité de données pendant trois semaines, alors qu’un praticien analyse d’ordinaire, 20 minutes d’enregistrement, les coûts allaient exploser. C’est ainsi que nous avons fait le choix de recourir à l’Intelligence Artificielle pour pré-identifier des biomarqueurs numériques. Lorsque ces derniers sont repérés, le médecin peut intervenir et les valider ».
Une fois le concept de pré-diagnostic facilitant la lecture et l’interprétation d’un grand volume de données défini, il a fallu aux équipes de BioSerenity composer avec un contexte réglementaire très exigeant, des sociétés savantes différentes. « Nous avons abordé les difficultés les unes après les autres en nous donnant le temps nécessaire pour aboutir au parcours patient actuel. En cette année 2020, nous sommes assez proches de notre objectif de départ », confie Pierre-Yves Frouin.
Bioserenity : une entreprise health-as-a-service…
« L’un de nos investisseurs avait la conviction que les start-ups full-stack seraient les plus transformatives pour leurs marchés, explique Pierre-Yves Frouin. Ce qu’il voulait dire c’est que la somme a plus de valeur que chacune des briques qui composent une solution. Dès le début, nous avons voulu faire de BioSerenity une entreprise full-stack ».
C’est ce principe qui permet aujourd’hui à BioSerenity de se présenter comme une entreprise health-as-a-service. « Nos solutions et les technologies sur lesquelles nous nous appuyons, nous permettent d’optimiser l’intégralité du parcours d’un patient pour qu’il dispose au plus vite, du meilleur diagnostic et bien sûr du meilleur traitement ». Davantage de confort pour le patient, moins de coûts de santé et une perspective pour les médecins de ne plus travailler en silos, tout en s’appuyant sur des données de qualité… C’est le défi qu’a pu relever BioSerenity en six années d’une innovation acharnée.
L’entreprise, qui a volontairement circonscrit son action à trois domaines (Neurologie, maladies cardio-vasculaire et sommeil), a aujourd’hui consolidé son modèle et créé un ensemble de solutions et de services cohérents. « Mais nous sommes inscrits dans une logique d’évolution et d’innovation permanente et d’amélioration continue », commente Pierre-Yves Frouin.
Un passage déterminant au sein du 3DEXPERIENCE Lab
Au cours de son histoire, BioSerenity a pu bénéficier du 3DEXPERIENCE Lab. Au-delà de l’utilisation de l’ensemble des solutions de conception, de modélisation et de simulation, intégrées dans la 3DEXPERIENCE, l’accès à des experts « nous a apporté énormément pour bien exploiter ces outils logiciels, explique Pierre-Yves Frouin. Mais avec le 3DEXPERIENCE Lab, nous avons également pu rencontrer des décideurs de pointe dans le secteur de l’industrie pharmaceutique, de la biotech, qui font partie de l’écosystème de Dassault Systèmes. Cet aspect « réseau », nous a aidé à comprendre les tendances et les besoins de notre marché ».
Ce passage au sein de 3DEXPERIENCE Lab, qui a permis à BioSerenity de s’intégrer au sein de son écosystème, « a été une opportunité d’apprendre à nous connaître avec Dassault Systèmes qui a décidé d’investir dans BioSerenity et de contribuer d’une manière différente à notre développement ». Agilité de startup, vision à long terme d’un grand groupe industriel, « la puissance de frappe d’un acteur comme Dassault Systèmes est évidemment un atout majeur ».
Engagement et réactivité : Bioserenity s’implique dans la production de masques
Preuve de son implication dans les enjeux de santé, BioSerenity a été l’un des premiers acteurs en France à s’impliquer dans la fabrication de masques pour faire face à la COVID-19. « Nous n’aimons pas ralentir… Et la COVID 19 ralentissait notre activité avec les fermetures de certaines cliniques du sommeil pour limiter les risques de contagion. Puisque nos activités ont été ralenties, nous sommes passés à l’action avec l’intention d’aider notre écosystème ! ».
BioSerenity possédant une usine en France déjà certifiée pour le textile médical, ses différentes implantations en Asie, en Amérique ou en Europe, permettaient à l’entreprise de sourcer du matériel sur trois continents et « au moment où la crise a démarré, nous avions déjà un large stock d’équipement de protection (gants, blouses, masques). Nous avons commencé par les mettre à disposition de certains hôpitaux, puis nous nous sommes lancés dans la fabrication de masques ». Après des dons de matériel, l’usine s’est donc mise à produire des masques, répondant ainsi à l’appel du gouvernement à la relocalisation de cette production.
« En tant que start-up, nous avons pu décider très vite, et nos ingénieurs se sont mobilisés. Nous avons pris le risque de monter cette usine en quelques semaines et revendiquons aujourd’hui une capacité de production de 500000 masques par jour, à des tarifs parfaitement compétitifs, pour équiper le personnel médical ».
Alors que le secteur de la santé numérique est estimé à 250 milliards de dollars par Mc Kinsey, ce dernier reste encore très émergeant. Un épisode comme la COVID-19, a contribué à faire émerger de nouvelles méthodes, de nouveaux usages. À titre d’exemple, durant la pandémie certains hôpitaux qui pratiquaient des EEG (Électro-encéphalographies) ont fermé ces départements. BioSerenity a été sollicitée pour faire des enregistrements d’EEG sur des patients en réanimation du fait de la COVID-19. Ces derniers ont permis de mettre en évidence des encéphalopathies liées au Coronavirus. « Nous avons été parmi les premiers à identifier des anomalies neurologiques associées à cette maladie et les premiers à le faire via l’EEG. Le fait de faire avancer la science grâce à nos outils technologiques est forcément une satisfaction et une fierté et nous incite à aller toujours plus loin ! », conclut Pierre-Yves Frouin.
Après des études en France et en Allemagne, Pierre-Yves Frouin obtient une maîtrise en électronique et informatique en 2005. Il débute sa carrière au Vietnam chez Servier. Il est alors en charge du développement de systèmes informatiques axés sur la vente. En 2008, il revient en Europe où il contribue au déploiement de SAP pour Biogaran. Après avoir terminé son MBA à Insead en 2011, il s’installe aux États-Unis, où il rejoint l’équipe de direction de Johnson & Johnson dans le domaine du diagnostic médical. Il fonde BioSerenity en 2014 pour développer et déployer des solutions médicales connectées en partenariat avec des établissements de santé et des industries pour aider au diagnostic et au suivi des patients atteints de maladies chroniques. Pour en savoir plus sur BioSerenity, cliquez ici.