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Workforce of the futureSeptember 21, 2023

Dialogue entre les mondes académique et industriel : quelles perspectives ?

Les entreprises qui seront là dans 10 ou 20 ans sont celles qui sauront se transformer en profondeur. Le numérique ne cristallise pas ce besoin de
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Avatar Aurélien Gohier

Les entreprises qui seront là dans 10 ou 20 ans sont celles qui sauront se transformer en profondeur. Le numérique ne cristallise pas ce besoin de transformation dans sa globalité. Le levier principal : la formation continue. 

On a tendance à l’oublier, malgré nous : c’est surtout le mot « transformation » qui compte dans l’expression « transformation numérique ». Pourquoi de nombreux projets de transformation échouent ? Pour de nombreuses raisons, dont la plupart d’entre-elles pourraient se résumer aux deux points suivants :

  • Une volonté timorée de se transformer en profondeur, et par définition de prendre des risques importants d’impacter la santé financière de l’entreprise à plus ou moins long terme,
  • Des manquements majeurs dans la considération de la composante humaine de ce changement. Progresser dans la durée, ça passe principalement par l’Humain. Aussi galvaudée que puisse sembler cette phrase, elle demeure absolument essentielle et basique.

Vous l’avez dans le mille, cet article (et la vidéo qu’il comporte) va parler de formation. La formation tout au long de la vie plus exactement, dont la démocratisation passera sans aucun doute par une collaboration renforcée entre les mondes académiques et industriels.

Pour parler de ce sujet, nous avons réuni Thierry Rayna, Professeur en Management de l’Innovation à l’École Polytechnique, et Olivier Leteutre, aujourd’hui PDG d’AutoForm Engineering GmbH et ancien Directeur général Eurowest de Dassault Systèmes.

« Les fondamentaux de l’éducation scolaire jusqu’à aujourd’hui : pousser les jeunes à devenir les meilleurs dans un domaine donné. On verticalise donc automatiquement les savoir-faire. L’enjeu est de plus en plus cross-organisations, il est donc de plus en plus horizontal. L’important, c’est de former les jeunes de sorte à ce qu’ils comprennent le métier de leurs pairs dans différentes organisations. C’est valable pour le système scolaire, mais aussi au niveau de l’entreprise. Comment parvenir à sensibiliser les collaborateurs aux autres métiers ? »

« Le problème des écoles de commerce par exemple » ajoute Thierry Rayna, « c’est qu’elles ne permettent pas un niveau de compréhension suffisamment fin des enjeux technologiques actuels. Demander à des élèves de développer une application, aucun souci. Mais si on leur demande de mettre en place un modèle impliquant la blockchain, l’impression 3D, même l’intelligence artificielle, ils vont avoir beaucoup plus de mal. À l’opposé, les élèves qui étudient les sciences dures, l’ingénierie, ont ce côté un peu « techno push ». Ça n’est pas parce qu’une technologie peut faire quelque chose qu’on doit le faire. »

« En résumé, d’un côté on a des élèves qui ont une vision fantasmée des technologies, et de l’autre des élèves qui ont une vision fantasmée du marché. » — Thierry Rayna, Professeur en Management de l’Innovation à l’École Polytechnique

Un des aspects passionnants de cette vidéo : nos deux invités partagent leur vision d’une scolarité en phase avec la nouvelle économie, nécessitant tout simplement de bouleverser notre manière de penser l’entreprise :

  • La scolarité, ça n’est plus « qu’est-ce que je fais après le bac pour avoir un métier ». L’école doit être un partenaire tout au long de la vie. Pour profiter allègrement des vertus indiscutables de la formation continue, trois types d’acteurs doivent se rapprocher, accélérer tangiblement leur collaboration : l’industrie, les fournisseurs de technologies, et le système éducatif.
  • Le rôle de formation initiale, ça n’est pas d’apprendre. C’est le fait d’apprendre à apprendre qui offre la capacité à s’épanouir au fil de l’évolution des métiers, des compétences, qui changent à toute vitesse.
  • « Le rôle de l’université, c’est d’apprendre à déconstruire le savoir, notamment dans l’optique d’atteindre une forme de transversalité. Dans beaucoup d’universités on va penser l’innovation comme un moyen d’inventer des choses. Il faut faire la différence entre innovation et invention. Une innovation c’est quelque chose qui est accepté par le marché. Polytechnique, c’est un environnement deep tech, des centres de recherche, des sciences dures, donc des réflexions très en amont de ce qui va arriver sur le marché. Notre rôle, c’est d’apprendre aux élèves à développer une vision à la fois de l’application des technologies, des découvertes scientifiques, mais aussi en termes de marché. Et pour cela, nous avons besoin des startups et des industriels. » partage Thierry Rayna.

La nécessité d’une formation tout au long de la vie est une évidence. Le système éducatif ne peut plus se contenter de diplômer les élèves et de leur souhaiter bonne chance pour la suite. Les grandes universités ne doivent pas seulement proposer des formations en phase avec les besoins du marché. Les nouvelles générations prétendent à un épanouissement professionnel et personnel sans concession, tout au long de leur parcours.

L’éducation et la formation doivent être pensées comme un système vertueux sur le très long terme, au sein duquel les enseignants, les formateurs, restent en contact permanent avec les apprenants. Les forces vives de demain n’auront jamais fini l’école. C’est la seule manière pour notre système éducatif technique et généraliste de contourner l’immobilisme que l’on lui reproche souvent. Pas de formation continue, pas de feedback permanent provenant du terrain. Pas de feedback permanent, pas d’amélioration réelle du système en question.

Rejoignez sur Twitter @ThierryRayna et @oleteurtre, ainsi que :

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