Le constat de Luc Belot, Directeur Général Adjoint du Groupe Réalités est sans appel : « la situation n’est guère favorable actuellement. Contexte inflationniste, tensions sur le pouvoir d’achat, taux d’emprunt élevés, le secteur de l’immobilier est en repli de 80% sur les opérations tertiaires et de 40% sur le logement. Dans les faits, c’est la crise la plus grave que le secteur ait dû affronter depuis la Seconde Guerre Mondiale ». Pourtant le monde de la construction est à la croisée des chemins et doit, malgré la zone de turbulence qu’il traverse, se réinventer. « Notre activité est à l’origine de 25% des émissions de carbone. 40% des maçons ont plus de 40 ans et 53% des clients qui reçoivent leur logement n’en sont pas satisfaits », continue Luc Belot. Face à cette situation, la transformation du secteur de la construction est un impératif urgent. Se transformer, oui mais comment ? Pour Luc Belot, le secteur doit totalement se réinventer en misant notamment sur l’innovation.
Actionner les meilleurs leviers de transformation
Faire évoluer le secteur du bâtiment, fortement émetteur de gaz à effets de serre, concilier les impératifs environnementaux tout en maîtrisant les coûts de la construction, en cherchant à améliorer sans cesse la qualité de la construction… L’équation est éminemment complexe, d’autant que le secteur de la construction n’est pas épargné par la crise des vocations et les difficultés de recrutement et de rétention des talents. « L’ADEME accompagne les acteurs de la chaîne de valeur, notamment sur la construction hors-site qui est l’un des axes qui permet de concilier l’ensemble des variables de l’équation », note Jonathan Louis, Ingénieur bâtiments durables à l’ADEME.
La construction hors-site, qui repose sur la fabrication d’éléments de bâtiment en dehors du site de construction, puis sur leur assemblage sur place, accroît considérablement l’efficacité en réduisant les délais de construction et les coûts. Elle offre une meilleure qualité de fabrication, minimisant les erreurs et les déchets. Sur le plan environnemental, la construction hors-site permet une gestion plus durable des matériaux, une diminution des émissions sur site et une optimisation des ressources. En résumé, cette pratique adresse les défis économiques en améliorant l’efficacité, tout en répondant aux préoccupations environnementales par une approche plus durable de la construction. Mais la construction hors-site n’est pas le seul levier de transformation du secteur du bâtiment. « La rénovation des bâtiments est l’enjeu majeur pour accélérer la décarbonation de la filière de la construction surtout dans le secteur du diffus (NDLR : la construction individuelle, les copropriétés), continue Jonathan Louis. Mais, c’est un marché difficile à adresser ». Enfin, le dernier axe à explorer consiste à prendre des engagements de performance. « Idéalement, il faudrait qu’un entrepreneur qui réalise des travaux pour un particulier, puisse s’engager sur les résultats liés à la rénovation énergétique. Il est temps de passer d’une logique de moyens, à une logique de résultat », précise Jonathan Louis.
Miser sur une dynamique d’innovation
Accélérer les transformations, repenser les pratiques de la construction, s’engager dans un effort environnemental toujours plus soutenu… Pour la Présidente de la FFBâtiment Nouvelle Aquitaine, Marie-Ange Gay-Ramos, « le travail réalisé avec l’ADEME et les acteurs de la construction, va évidemment dans ce sens. Il s’agit de transformer les pratiques de nos entreprises, de nous diversifier pour assurer la pérennité de leur rentabilité ». Soutenir l’innovation. Un enjeu majeur auquel la Caisse des Dépôts et Consignation cherche à apporter des réponses depuis déjà plusieurs années. Une démarche qui ne se limite pas à soutenir l’innovation dans le digital, mais aussi dans ce que l’on appelle les low-techs. « Nous avons investi sur le bois, sur le chanvre, la paille. Nous veillons également sur le lin, la terre, avec l’ambition d’élargir le spectre des nouveaux matériaux de construction, précise Cédric Verpeaux, Responsable des investissements innovants à la Caisse des Dépôts et Consignations. Notre action s’étend par ailleurs à toutes les initiatives favorables au réemploi et au recyclage ». L’enjeu ? Passer de 15% de recyclage et de réemploi en moyenne à près de 80% dans les prochaines années. « La Caisse des Dépôts a également investi dans une startup qui intervient dans le domaine du réemploi », souligne Cédric Verpeaux. Le principe ? Intervenir lors de la déconstruction d’un bâtiment pour collecter les matériaux et équipements pouvant être réutilisés sur d’autres projets de construction. Bâtir plus cohérent. Bâtir plus durable. Bâtir plus responsable. La Région Nouvelle-Aquitaine s’est engagée activement dans une démarche laboratoire, en misant sur l’innovation. « Nous avons lancé des expérimentations sur des chantiers à taille humaine portant sur des projets de construction de logements et d’ateliers pour un lycée », indique Marie-Ange Gay-Ramos. Au cœur de cette démarche, une volonté de démontrer la pertinence des maquettes numériques, renforcer la cohésion entre l’ensemble des parties prenantes sur un chantier et enfin, inscrire la construction dans une dimension proactive. Pour garantir la transformation saine et sereine de la construction durable, Marie-Ange Gay-Ramos en appelle au bon sens : « Les entreprises sont confrontées à la nécessité de garantir leurs modèles économiques ».
Être rentable, pérenniser l’activité, payer les salaires, générer des profits pour pouvoir investir, ces prérequis sont indispensables pour écrire une nouvelle page de l’histoire du secteur du bâtiment et inventer une construction durable…
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