L’optimisation des chantiers, c’est une quête d’absolu qui repose sur une ambition : anticiper et planifier l’organisation au maximum. « Notre mission consiste à réaliser un découpage d’un bâtiment en différentes briques, afin d’anticiper l’ensemble des problématiques, notamment logistique pour comprendre comment acheminer le matériel et le mettre directement à pied d’œuvre, explique Julien Fléchard, directeur Industrialisation pour Bouygues Construction. Cela passe aussi par une volonté de standardisation des process. Enfin, nous faisons en sorte, à chaque fois que c’est possible, de produire hors site pour maximiser les temps de production ». Travaillant en étroite collaboration avec les équipes de FLOVEA, le géant de la construction parvient ainsi non seulement à gagner du temps, mais aussi à réduire l’impact environnemental de ses réalisations. « Pour que cela fonctionne, il faut pouvoir s’appuyer sur une vraie ambition partenariale », commente Thierry Mignot, PDG de FLOVEA. L’entreprise française spécialisée dans la plomberie sanitaire et le chauffage. Elle propose une gamme complète de produits préfabriqués, qui simplifient et accélèrent l’installation de ces systèmes.
Un enjeu d’anticipation
« Plus les problématiques des chantiers sont anticipées en amont, moins les entreprises ont besoin de profils experts. En période de pénurie de main d’œuvre c’est un point crucial », continue Thierry Mignot. Et cela fonctionne ! Les temps de mises en œuvre peuvent être réduits de 4 heures en moyenne à une quinzaine de minutes et les processus sont massivement fiabilisés, réduisant d’autant les risques de fuite dans les systèmes d’adduction d’eau. « Cet effort que nous avons consenti sur la plomberie de nos chantiers, nous le répliquons sur les autres corps de métiers », confie Julien Fléchard qui explique que sur un chantier bordelais, le gain en matière sur les planchers en bois a atteint 7% !
Préfabrication, industrialisation, standardisation : une réponse à un enjeu d’efficacité
Tout ne peut plus être produit directement sur le chantier. Pour autant, il ne faut pas confondre « préfabrication » et « industrialisation ». Deux notions que différencie clairement Pascal Chazal, PDG de Hors Site. « On ne produira jamais intégralement un bâtiment en usine. La construction repose sur le principe de la mixité des modes de production. Il n’existe que des bâtiments spécifiques ». Le véritable enjeu aujourd’hui est d’ordre financier. « L’industrialisation est une promesse de réduction des coûts de la construction mais elle doit porter non pas sur la production de bâtiment mais sur celle d’éléments de bâtiments ». Et le dirigeant d’entreprise de citer l’exemple de la production de chambres d’étudiants clés en mains, transportable sur un poids lourd pour être intégrée sur un chantier. La promesse de l’industrialisation, comme de la préfabrication, c’est celle de la standardisation des modes constructifs qui se traduit toujours par des réductions de coûts majeures. « Cela suppose toujours un vrai changement d’approche, notamment dans la conception des bâtiments pour ne pas tout réinventer à chaque étape mais, au contraire, chercher à employer des éléments standards ».
Avancer sur le chemin de la décarbonation
L’autre bénéfice incontournable, c’est celui de la décarbonation. Une ambition qui amène les grands aménageurs publics à intégrer dans leurs cahiers des charges près de 50% de production hors site dans leurs projets. Standardiser, une recette qui déjà a fait ses preuves dans le monde de l’industrie automobile. Pour Xavier Jaffray, PDG de Leco 2, qui a longtemps travaillé dans le secteur automobile, « aujourd’hui la standardisation au sens propre du terme n’existe pas dans la construction. En revanche, la standardisation des process peut être une réalité ». Mais peut-on répliquer le modèle automobile dans le secteur du bâtiment ? Certainement pas ! « Tous les véhicules se déplacent sur des routes standards. Chaque bâtiment est édifié sur un terrain spécifique, observe Xavier Jaffray. Le monde du bâtiment doit faire preuve de beaucoup plus d’agilité que les constructeurs automobiles ». Une agilité dont les architectes doivent également faire preuve pour accepter de redéfinir la place de l’industrialisation et de la productisation dans leur façon de concevoir les bâtiments. « L’industrialisation ouvre la voie à des constructions de meilleure qualité, c’est un phénomène indéniable, commente Vincent Ballion, Architecte au sein du cabinet Bellecour Architectes. Elle apporte indubitablement un bénéfice environnemental autant que social sur les chantiers ». Toutefois, l’architecte souligne quelques écueils dont il s’agit de se méfier car « avec la standardisation, le principal risque n’est pas celui de l’uniformisation, mais celui de la systématisation. Or, celle-ci est dangereuse, il suffit pour s’en convaincre de se souvenir de la construction d’après-Guerre. Il est important de se nourrir de l’histoire pour ne pas prendre le risque de répéter les mêmes erreurs ». Le défi ? Identifier, pour chaque projet, les éléments répétitifs qui peuvent être industrialisés pour améliorer la qualité autant que les délais de chantier.
Le mot de la fin
« Tous les acteurs de la chaine de valeur sont animés d’une même volonté d’aller vers l’industrialisation, conclut Pierre Guehenneux, Directeur R&D partenariats stratégiques pour Dassault Systèmes. Le changement climatique joue un rôle clé dans cette transformation. La mission du bâtiment change, il doit être neutre en carbone, il doit contribuer à l’économie circulaire… Lorsque la mission d’un système change, sa composition change. Pour gérer cette complexité, il est important de s’appuyer sur des solutions digitales, notamment avec le cloud et les modèles, pour réorganiser les chantiers. »
Envie de (re)vivre les grands moments de cet événement phare : rendez-vous juste ici.
Découvrez l’édition 2022 de la Rencontre de la Construction Durable
L’industrie Architecture, Engineering & Construction vous intéresse, consultez notre page dédiée.