Et si la virtualisation des savoir-faire ouvrait la voie à des gains majeurs d’efficacité sur les chantiers, à tenir les délais et à maîtriser les budgets ? C’est le postulat soutenu par Juba Hadj Ali, Vice-président R&D Catia Construction pour Dassault Systèmes. « Les deux principales sources d’inefficacité sur les chantiers sont liées d’abord à l’absence de maîtrise des interfaces entre les métiers qui demeurent silotés. Enfin, il n’existe pas à ce jour de jumeau virtuel de la construction de l’ouvrage ». La conséquence : une coordination parfois hasardeuse et des soucis d’exécution liés à l’absence de nomenclatures précises. « Virtualiser les savoir-faire, c’est agir simultanément sur ces deux leviers », affirme Juba Hadj Ali.
Comment virtualiser les savoir faires : telle est la question
Au sein de Dassault Systèmes, la conviction partagée est celle d’une virtualisation comme une promesse d’efficacité. Et la distinction est forte entre virtualisation et digitalisation. « Il ne suffit pas de digitaliser les savoir-faire existant, affirme Juba Hadj Ali. Il est question de faire émerger des savoir-faire nouveaux et de les réunir dans un espace virtuel car ils ne pourraient pas se rencontrer dans le réel ». Alors qu’il est question de définir les contours d’une construction durable, le virtuel ouvre une perspective nouvelle en inventant des expériences de construction pluridisciplinaires plus respectueuses de la planète, moins énergivores et « animées du désir de bien faire du premier coup ». Pour nourrir cette ambition, la concrétiser, il est capital aux yeux de Juba Hadj Ali, d’impliquer toujours plus d’acteurs de la chaîne de valeur pour rassembler les savoir-faire et les mettre à disposition du plus grand nombre.
Mieux gérer l’exécution du chantier
Fabien Font, CEO de Teamoty est issu du monde de l’industrie. « Lorsque j’ai visité pour la première fois un chantier, j’ai constaté que l’on trouvait des ouvriers qui faisaient tout sauf façonner ». Sa conviction ? Le lean est l’une des réponses pour améliorer l’exécution du chantier. « L’ouvrier est en bout de chaîne. Il a besoin de matière, de plans, de coordination. Cela met en œuvre une longue chaîne impliquant des dizaines, des centaines, parfois des milliers d’acteurs pour que lui, enfin puisse travailler ». La coordination de ces milliers d’actions conjuguées est extrêmement complexe et le rôle du digital est d’y contribuer. C’est ainsi qu’est né le concept de Teamoty. « Nous avons développé des solutions pour améliorer la supply chain, notamment dans une dimension de planification », continue Fabien Font. Le constat est similaire du côté de BIM Cloisons qui se focalise sur les artisans et la plâtrerie. Son fondateur, Karim Boureguig explique : « notre mission consiste à accompagner la digitalisation des process et de l’activité des artisans grâce à une offre de services complète (logiciels, formations, bureaux d’études, etc. Notre valeur ajoutée est claire : nous sommes des plaquistes qui ont développé des solutions pour les plaquistes ». En virtualisant des savoir-faire multiples, en s’appuyant massivement sur des bases de données, BIM Cloisons simplifie l’accès à des modélisateurs 3D pour fluidifier non seulement la mise en œuvre des chantiers, mais aussi la gestion de l’entreprise dans son ensemble.
Révéler le potentiel du BIM
« Le BIM est relativement bien utilisé dans les phases amont des chantiers, dans ces phases où le dessin est contractuel, observe Juba Hadj Ali. Mais des outils sont venus s’y superposer et ces outils n’ont pas apporté de bénéfices suffisants pour s’imposer comme des sources de vérité. » Pour Dassault Systèmes il faut parvenir à remplacer le “I” de Bim par le E de Expérience. Comment ? En mettant le jumeau virtuel à disposition du terrain et l’imposer comme un outil du « comment construire » plutôt qu’une information sur le « quoi construire ». Disposer d’une vue quantitative précise des constituants, optimiser la logistique, amorcer la maîtrise des déchets… Autant de promesses potentiellement tenues par le jumeau virtuel. Mais un défi demeure : comment connecter les intervenants sur un chantier ? La réponse, c’est la plate-forme collaborative 3DEXPERIENCE. Le principe est simple : fédérer tous les intervenants sur le chantier autour d’un référentiel commun. « Il ne s’agit plus d’un référentiel documentaire, mais d’un référentiel global, précise Juba Hadj Ali. Grâce au cloud, nous sommes en mesure de délivrer la bonne information à la bonne personne au bon moment, dans des conditions optimales de sécurité ».
Le monde de la construction façonne le monde. Et il continuera à le faire pour longtemps. Alors, le digital, menace ou opportunité ? Pour Fabien Font, « la digitalisation est porteuse d’espoir car elle permet aux acteurs de la construction de mieux anticiper, et de gagner en sérénité au quotidien ».
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